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Du pisé à la terre coulée, vers un béton d’argile adapté aux filières existantes ?

POINTET, Martin, EGAS, Leonardo, RONSOUX, Lionel, 2024. « Du pisé à la terre coulée, vers un béton d’argile adapté aux filières existantes ? » In : Du vernaculaire au contemporain : vers une architecture bas carbone [en ligne]. Toulouse : Chaire partenariale « Ressources – Transition – Innovations » ; Ensa Toulouse ; LRA, p. 16.

Résumé

Le pisé, technique de construction vernaculaire, est utilisé pour la réalisation de murs monolithiques en terre crue. Aujourd’hui, le temps de mise en œuvre important et le coût de production élevé sont des freins au développement et à la massification de cette technique (Guillaud, 2016). Le principe de la terre coulée est de réduire et faciliter les temps de constructions en terre crue en s’inspirant de la technique du pisé mais en coulant la terre dans des coffrages au lieu de la compacter par couche. Couler la terre permettrait, en réduisant le temps de mise en œuvre, de baisser les coûts et démocratiser la construction de murs monolithiques en terre crue. De plus, cette technique semble adaptée aux filières existantes car une grande partie des outils, savoir-faire et lignes de production sont issues des technologies du béton de ciment pré-existant.
Depuis les années 2000, de nombreuses recherches technologiques et scientifiques (BAE, 2013) sont réalisées sur la technique de la terre coulée. L’enjeu technique est double : couler liquide sans rajouter trop d’eau et décoffrer le plus rapidement possible pour favoriser le séchage de la terre et limiter les temps de coffrage. Dans un premier temps, les recherches portent principalement sur la formulation du matériau afin d’obtenir un béton d’argile maniable et résistant mécaniquement (RONSOUX, 2012). Les ingénieurs tentent d’optimiser les formulations contenant un liant argileux, des granulats minéraux et parfois végétaux, le moins d’eau eau possible, des adjuvants pour disperser et liquéfier le mélange et des stabilisants permettant de décoffrer plus vite (PINEL, 2017). En parallèle, des expérimentations et essais sur la mise en œuvre sont réalisés sur des prototypes à l’échelle 1 avec des coffrages perspirants ou des coffrages perdus (CARACOL CONSTRUCTION, 2013). Autour des années 2010, quelques chantiers sont réalisés, mais avec la technique de la terre coulée stabilisée au ciment, permettant de
sécuriser la mise en œuvre et la résistance mécanique (VILLE ET aménagement DURABLE, 2018 et ECOZIMUT, 2022). On trouve aussi quelques chantiers réalisés avec la technique de la terre coulée armée stabilisée au ciment, ouvrant la voie à l’utilisation de renforts structurels noyés dans la masse à la manière du béton de ciment armé (POINTET, SCHMITT, 2016). Certaines expérimentations débouchent alors sur l’utilisation d’une armature perdue (AMACO, 2018) permettant de retenir la terre coulée au moment du décoffrage. Avec ce dispositif, la terre coulée s’inspire alors de la technique du torchis. Cette solution technique à l’avantage de résoudre un des 2 problèmes de mise en œuvre (décoffrer vite) tout en permettant d’incorporer une armature dans le béton d’argile, ouvrant de nouvelle perspective pour l’utilisation de la terre coulée.
Dans cet article, nous étudierons comment la terre coulée s’est inspirée de techniques vernaculaires comme le pisé et le torchis tout en utilisant les outils du béton de ciment, et nous tenterons de montrer pourquoi ce nouveau béton d’argile nous semble adapté aux exigences règlementaires actuelles et aux filières existantes.

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OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
AE&CC (17 mars 2025). Du pisé à la terre coulée, vers un béton d’argile adapté aux filières existantes ? CRAterre. Consulté le 17 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13hqt